Un jour de pluie, bien avant que
tous les destins détraqués ne se rejoignent en un point unique, un Capitaine
titubant sous l'emprise de l'alcool entrait dans un manoir poussiéreux et
abandonné. Nul ne semblait vivre sous ce toit car le vieux parquet en bois
résonnait sous les talons haut de Mercredy.
« Quelqu'un
? OY.. » s'écria elle en se retenant à la rampe d'escaliers. Entendant sa
propre voix revenir jusqu'à elle sans aucunes réponses, la jeune femme
entrepris de visiter les lieux...Mais au moment où elle s'apprêtait à quitter
l'entrée, elle entendis un bruit sourd puis un claquement de porte qui se ferme
« surement un courant d'air » pensa elle, l'alcool embrumant ses
pensées. Oubliant le claquement, elle repris le cours de ses actions... Chaque
pièce du manoir était encore meublée, drapés sous de vieux draps recouverts de
poussière, et la superficie du bâtiment était impressionnante. Les tapisseries
étaient encore intactes et aussi belles que d 'antan, leurs motifs en
arabesques et la délicatesse de leur broderies en fil d'or en étaient tout
aussi impressionnants. Mercredy sentait qu'elle avait empoché le pactole en
découvrant ce manoir qui, de l'extérieur ne laissant prévoir rien d'autre
qu'une vieille bicoque en ruines.
Et elle le pensa bien plus en ouvrant la porte
qui menait aux jardins. Malgré le fait qu'avec le temps, Mère nature avait
repris ses libertés originelles, laissant pousser à volonté mauvaises herbes et
autres chiendents, c'était merveilleux et immense. Explorant les vestiges de
ces jardins autrefois identiques aux codes des jardins à la française,
Capitaine Mercredy distinguait au loin ce qui ressemblait à une petite maison
en bois, elle cru d'abord rêver, mais en s'approchant un peu plus, elle pu
parfaitement voir cette petite cabane complètement barricadée, mais la
structure paraissait encore en parfait état, cette maisonnette était surement
tout à fait vivable... pour quelqu'un qui préférait la solitude. Retournant sur
ses pas, elle trépignait et croyait à une mauvaise blague. Il était totalement
impossible qu'une aussi grande demeure puisse être restée inhabitée.. Mais
comme on dit, premier arrivé, premier servi, Mercredy partit chercher ses
affaires ainsi que sa douce Ayame et s'installa dans le grand manoir.
Ce
manoir était celui d'une grande famille autrefois très respectée par le village
voisin mais du jour au lendemain, plus personne n'en entendis parler et il n'y
eut plus jamais aucunes traces d'eux sans que personne ne sache pourquoi ou
comment. Puis tout le monde les oublia. Une nuit, le manoir s'ouvrit et une petite fille
s'avança dans l'entrée, tout comme le fit Mercredy bien des années après...
« Euuuuh
veuillez m'excuser ? Quelqu'un est là ? Je peux rentrer ? » demanda la
petite fille d'une voix tremblante. Comme personne n'était visiblement là, elle
referma la porte derrière elle et s'assit par terre. Elle semblait épuisée.
Dans ses bras elle tenait fermement un gros grimoire à la couverture vieillie
par le temps, ses longs cheveux avaient la couleur de l'automne et ses yeux malicieux
brillaient d'une douce lueur violette. « J'ai faillis me faire attraper
encore une fois …On dirait qu'il va falloir que je reste ici pendant un petit
moment... Tout d'abord il me faut de la lumière. » Puis elle accompagna
ses dires en dépliant sa petite paume d'où jaillis une petite boule
incandescente de la même couleur que ses yeux dispersant une douce lumière tout
autour de la pièce. Les lieux ainsi éclairés, la petite sorcière avança dans le
manoir tout doucement …
Au
fil des années, la jeune fille appris à vivre seule dans ce grand manoir, au
moins personne ici ne la rejetait pour ses talents de sorcellerie, la vie lui
était douce et elle passait ses journées à étudier de nouveaux sortilèges et
autres filtres enchantés : le grand jardin lui offrait tout un panel d'herbes,
la bibliothèque cachée semblait appartenir à quelqu'un qui s'intéressait de
très près à la magie. Au cours de ses multiples explorations du manoir, elle
avait également réussis à trouver un boudoir caché, où elle s'installa bien
confortablement.
Puis
un jour où elle était paresseusement installée sur son sofa, à demi endormie,
elle entendis des claquements de talons aux rez de chaussée. Apeurée elle se
précipita à la porte de son boudoir et ferma à clef. Elle retourna se rouler en
boule sous le sofa à dorures.
« Tout de façon, j'écraserais cet intrus si il me cherche des
poux. » dis elle pour se rassurer, mais hélas, même à son oreille ces mots
sonnaient étrangement faux, car elle était bien trop peureuse pour songer à quitter
sa cachette, qui était trop bien dissimulée pour être découverte par une
personne qui découvrait les lieux pour la première fois. La petite sorcière se
dis alors qu'elle avait du temps et elle sortis de dessous le sofa, pris un
livre et retourna étudier.
Au
cours des jours, et semaines suivantes, la jeune fille pu observer beaucoup de
choses, d'abord deux personnes étaient venues habiter ici, puis régulièrement
une voir deux personnes arrivaient, et s'installait. Les chambres autour de son
boudoir privé étaient occupées, le jardin était soigneusement entretenu, et une
jeune femme habitait la maisonnette. Trop timide pour se présenter à ses
colocataires forcés, elle n'avait jamais été remarquée. Il eut plusieurs fois
où elle se heurta à l'un des habitants, mais paniquée elle disparaissait en un
battement de cils. Ou bien quelques fois elle croisa une jeune femme en blanc à
la cuisine, cette dernière trop distraite ne la voyait même pas passer devant
elle. Alors un jour elle en eut marre d'être ignorée et que des inconnus
habitent dans cette maison où elle avait vécue seule pendant longtemps. Elle
pris son courage à deux mains et descendit au salon où elle rencontra un homme
majestueux aux cheveux d'ébène et à la peau crayeuse. L'homme était en train de
siroter un verre de vin d'un rouge qui, dans ses doigts pâles, contrastait avec
éclat, la petite sorcière était aussi rouge que la liqueur qui était dans le
verre. Voulant faire demi tour, impressionnée par le charisme de l'homme à la
peau pâle, elle se cogna contre une colonne portant un vase antique, qui se
fracassa par terre, couvrant le cri de stupeur de la responsable. L'homme,
surpris, se leva et posa son regard froid sur elle. « Tiens, mais que nous
vaut l'honneur d'une si charmante visite ? » dis-il en avançant tel un
serpent vers sa petite proie sans défenses. Le coeur battant la chamade, la
pauvre petite se mit à pleurer et tomba au sol, ses jambes ne pouvant plus
supporter la tension de ces dernières minutes.
« Eh
bien, voilà qui est bien fâcheux pour moi de faire autant de ravages sur une
aussi adorable petite proie... » finis-il en posant son verre à pied sur
la table centrale. Il se pencha vers elle et lui caressa la joue, puis finis
par lui demander son prénom... Elle balbutia un petit « Elijah »
entre deux pleurs puis l'homme la laissa et ne revint que quelques minutes plus
tard, accompagnée de la femme aux cheveux blancs. « Je vous laisse ce
petit poussin égaré, chère Ayame, je compte sur vous pour prendre soin
d'elle... » puis il disparu dans la pénombre.
«
Vous voulez une tasse de thé ? » lui proposa la jeune femme, une fois
qu'Elijah avait repris ses esprits et qu'elles s'étaient assises sur le divan
en velours rouge. Tout en sirotant la douce boisson chaude, Elijah racontait à
Ayame son histoire jusqu'à ce que des pas lourds et maladroits se firent
entendre dans les escaliers et qu'une femme perchée sur ses bottes en cuirs
élimé et coiffée d'un tricorne à plumes entre dans la pièce d'une façon
tellement non majestueuse comparée à l'homme de tout à l'heure, qu'Elijah du
contenir difficilement un rire moqueur.
« Qui-c'est-que-t'es-toi
? » lui demanda le pseudo Capitaine
Ayame
eut un petit rire affectif et se leva pour aller la rejoindre. Elle lui pris la
main, et lui expliqua la situation. Mercredy leva un sourcil dubitatif puis se
dirigea vers la table, se servant une tasse de thé, auquel elle rajouta une
dose de liqueur tout droit sortie de la gourde qui pendait de sa ceinture. Puis
elle s'assit sur le divan, en fixant l'extérieur à travers la fenêtre devant
elle. Ayame vint les rejoindre, puis sa tête dodelina vers l'avant, avant
qu'Elijah puisse entendre le souffle régulier du sommeil... Mais qui étaient
ces gens qui avaient envahis son manoir ? La gêne était à son maximum, elle était
bloquée entre un capitaine complètement saoul et sa compagne narcoleptique.
Puis soudain une autre personne fis son apparition dans l'encadrement de la
porte. Une petite fille blonde aux yeux verts, adorable comme un ange. Elle
sembla surprise de voir Elijah puis lui adressa la parole d'une toute petite
voix cassée : « Vous inquiétez pas, vous n'êtes pas obligée de rester là,
Madame Mercredy et Madame Ayame ne vous en voudront pas, je vous
promets. » Elijah l'écouta et la rejoignit en dehors de la pièce, la
petite fille lui fit un sourire puis partis au loin.
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